Résumé Exécutif:
Facteurs potentiels de tensions et de violences, la gestion des espaces agropastoraux et la régulation de la transhumance transfrontalière constituent des défis cruciaux pour bon nombre d’États ouest-africains. Matéri et Kpendjal, deux régions septentrionales du Bénin et du Togo aux réalités socio-démographiques similaires et riches en ressources naturelles, ne font pas exception. Récurrents, ces conflits créent un terreau propice à la radicalisation de personnes ou de communautés, alimentée par la perte de confiance envers les institutions de résolution des conflits accusées de corruption et de favoritisme dans la gestion des différends fonciers.
À cela s’ajoute l’expansion des groupes armés djihadistes qui, depuis près d’une décennie, ont intensifié leurs attaques vers les pays côtiers et se sont implantés au nord du Bénin, dans les parcs du W et de la Pendjari. Les incursions des groupes armés fragilisent les relations entre agriculteurs et éleveurs à Matéri et Kpendjal.
Cette note vise, d’une part, à analyser l’impact du terrorisme sur les relations agropastorales à Matéri et à Kpendjal, d’autre part, à comprendre comment les décisions prises par les autorités béninoises et togolaises en matière de gestion des espaces agropastoraux et de lutte contre le terrorisme accentuent la pression sur l’exploitation des ressources naturelles, affectant les relations entre éleveurs et agriculteurs. Pour élaborer ce policy brief, deux types de sources de données ont été mobilisées : la littérature scientifique et les entretiens semi-directifs réalisés entre avril et mai 2025, en présentiel et à distance.
Ce policy brief s’articule autour de la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs à Matéri et à Kpendjal, ainsi que de la gestion des ressources naturelles dans un contexte de violence armée. Il aborde ensuite les stratégies mises en œuvre par les acteurs locaux pour la résolution des conflits et formule des recommandations.
Auteurs:
Dr Moussa Ibrahim
MOUSSA Ibrahim est Enseignant-Chercheur au Département de Sociologie-Anthropologie de l’Université André Salifou de Zinder. Ses recherches portent sur la Sociologie des religions. Il fut antérieurement Chef de Département Sociologie-Anthropologie et Directeur Général de l’Action Sociale et de la Promotion de la Solidarité au Ministère de la Population. Auteur de plusieurs articles, il a participé à plusieurs études et programmes de recherche, notamment le programme de recherche du Lasdel sur l’inclusion de la jeunesse sur les marchés de l’emploi au Niger : moyens de subsistance et dynamiques du genre, la violence des jeunes et les enjeux de l’extrémisme violent à Zinder, et les causes et conséquences de l’extrémisme violent dans les régions de Diffa et Tillabéry, financés respectivement par l’OIM et Oxfam.
Dr Bello Adamou Mahamdou
Docteur en sociologie et anthropologie des religions, BELLO ADAMOU Mahamadou est, d’une part, chercheur dans deux laboratoires nigériens, le LASDEL et le LERSA et, d’autre part, chercheur associé au ZMO de Berlin. Ses recherches portent sur l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest, l’occupation de l’espace public nigérien par les leaders salafistes, pentecôtistes et adeptes du bori, une religion locale. Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 intervenu au Niger, Bello Adamou s’intéresse aux interactions entre ces trois acteurs dans le soutien qu’ils apportent aux nouvelles autorités.




